15 septembre 2015 – 14 février 2016
Musée de la Chasse et de la Nature, Paris

George Shiras

L’Intérieur de la nuit

Ouvrant la voie, dès les années 1880, à la wildlife photography, George Shiras (1859-1942) a également été le premier à révéler, par ses photographies au flash, la vie nocturne des animaux de la forêt, offrant par ses images une percée dans un monde jusqu’alors invisible. L’exposition présente pour la première fois depuis sa disparition l’œuvre de ce photographe et pionnier américain. 

Né en 1859 à Allegheny, Pennsylvanie, George Shiras est initié très jeune à la pêche et à la chasse, puis étudie le droit avant d’entamer une carrière politique. Dès 1870, ses expéditions régulières en forêt, notamment dans la région du lac Supérieur, dans le Michigan, approfondissent sa curiosité pour le monde animal. En 1887, il abandonne le fusil au profit de l’appareil photo, marquant par ses premières expérimentations le début de quarante années d’explorations photographiques. Shiras redéfinit ainsi sa relation à la nature au moyen de la photographie et ouvre la voie à la pratique du camera hunting. Il étend quelques années plus tard le champ de sa pratique à la photographie nocturne, offrant une percée dans un monde jusqu’alors invisible. Son œuvre, qui témoigne d’une approche à la fois pragmatique et poétique de l’animal, s’inscrit dans une époque marquée par le développement d’une conscience environnementaliste et un idéal de retour à la nature.

Après avoir été membre du Congrès de 1903 à 1905, Shiras met fin à une carrière politique largement dédiée à la cause écologiste et se consacre pleinement à l’observation de la nature et à la photographie. Il poursuit néanmoins son action en faveur de la préservation du monde animal à travers de nombreux articles illustrés, notamment dans la revue National Geographic dont il a marqué l’histoire. Son engagement lui vaut l’admiration et l’amitié de Theodore Roosevelt.

Les photographies nocturnes de Shiras, sur lesquelles se concentre l’exposition, doivent leur singularité à diverses techniques empruntées à la chasse et aux Indiens Ojibways installés dans la région depuis plusieurs siècles, comme le jacklighting, qui consiste en une lente approche à bord d’un canoë, au cours de laquelle l’animal est captivé et immobilisé grâce à la lueur d’une flamme. Shiras est aussi le premier à installer des pièges photographiques en forêt, livrant ainsi des images inédites des nombreux animaux peuplant la nuit. Obtenues grâce à des explosions de poudre de magnésium, ces photographies nocturnes rappellent le rapport frontal du chasseur et de l’animal, en même temps qu’elles témoignent de la beauté saisissante d’une nature en danger.

Salué en son temps pour la valeur scientifique de ses travaux et ses photographies, compilées dans son autobiographie en deux volumes Hunting Wild Life with Camera and Flashlight (1935), distingué lors des expositions universelles de Paris et Saint-Louis de 1900 et 1904, George Shiras est pourtant resté largement méconnu du public après sa disparition en 1942. L’exposition est l’occasion de redécouvrir cet auteur passionnant et pionnier de la wildlife photography à travers une sélection de tirages d’époque.

Exposition organisée en coopération avec National Geographic Creative

Scénographie : Cyril Delhomme
Diaporama : Éric Beaupré et Alexandre Poirier

Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition :
George Shiras. L’Intérieur de la nuit, Éditions Xavier Barral, Paris

Autour de l’exposition :
4 novembre 2015 : projection de The Screening de Ariane Michel en présence de l’artiste
2 décembre 2015 : projection de In the Land of the Head Hunters de Edward S. Curtis, musique de Rodolphe Burger
13 janvier 2016 : « Henry D. Thoreau et les animaux », conférence de Michel Granger
3 février 2016 : « Une nuit avec George Shiras », performance musicale de Rodolphe Burger sur des images réalisées par Frédéric Ramade / captation par David Unger disponible en DVD (édition limitée, numérotée et signée), graphisme de Jenny Hasae