Ilanit Illouz
Wadi Qelt, dans la clarté des pierres
Wadi Qelt, dans la clarté des pierres s’appuie sur une recherche au long cours autour des éléments naturels et propose une étude photographique expérimentale de la vallée éponyme, située dans le désert de Judée entre Jérusalem et Jéricho, à proximité de la mer Morte. Ce territoire porteur de récits immémoriaux, marqué par les tensions politiques, menacé par l’exploitation des ressources, est aussi lié pour l’artiste à l’histoire de la photographie ; il recèle le fameux bitume de Judée qui, au début du XIX e siècle, servit d’enduit photosensible aux premières reproductions par contact réalisées par Nicéphore Niépce.
L’assèchement dramatique du lac a transformé la région en une zone lunaire, rongée par le sel. Celui-ci, ramassé à même le sol du désert, est ensuite utilisé par l’artiste dans son atelier pour fossiliser ses tirages et leur conférer une qualité sculpturale. À la fois image et composant structurel, il fait scintiller l’oeuvre en même temps qu’il la fige, rappelle le caractère vivant de la matière minérale aussi bien que sa beauté hiératique, suggère un paysage à contempler et un écosystème menacé. La marche et la collecte sont également au coeur de la pratique photographique de l’artiste. Elles posent la question du regard qui cadre le paysage, de la main qui prélève le fragment, du pied qui foule le sol : autant de gestes et de mesures humaines qui déterminent la relation de l’homme et de l’artiste au territoire et à sa représentation.
Scénographie : Amanda Antunes
Exposition extraite du Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles 2021