12 octobre 2017 – 4 novembre 2017
Prospekto Gallery/Lithuanian Photographers' Association, Vilnius

À l’occasion de la rétrospective de films de Sharunas Bartas au Centre Pompidou et de la sortie de "Peace to Us in Our Dreams"

Sharunas Bartas

Few of Them

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Sharunas Bartas, Imilchil, Maroc / Imilchil, Morocco, 1999
Sharunas Bartas, Tofalars, Alygdzher, massif du Saïan oriental, Sibérie / Tofalars, Alygdzher, Eastern Sayan Mountains, Siberia, 1983
Sharunas Bartas, Tofalars, taïga, massif du Saïan oriental, Sibérie / Tofalars, taiga, Eastern Sayan Mountains, Siberia, 1983
Sharunas Bartas, Massif du Saïan oriental, près d'Alygdzher, Sibérie / Eastern Sayan Mountains, near Alygdzher, Siberia, 1983
Sharunas Bartas, Péninsule de Kertch, Crimée / Kerch Peninsula, Crimea, 2003
Sharunas Bartas, Parc du Palais d'Uzutrakis, Trakai, Lituanie/Park of Uzutrakis Mansion, Trakai, Lithuania, 1996
Sharunas Bartas, Zelenogradsk, Kaliningrad, 1989
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Exposition de photographies inédites du cinéaste lituanien Sharunas Bartas

Sharunas Bartas, né en 1964, est l’auteur de 8 films, sélectionnés dans les plus grands festivals et salués par la critique. Depuis son premier long métrage Trois jours (1991), il a construit une œuvre dense et très personnelle, marquée par une fascination pour les peuples des confins, les personnages en errance et leurs environnements, splendides ou désolés. Il a ainsi ancré ses films dans des lieux oubliés mais puissamment évocateurs, tels les vallées du sud-ouest de la Sibérie (Few of Us), Kaliningrad (Trois jours), les forêts lituaniennes (The House), le désert sud-marocain (Freedom) ou encore la campagne de Crimée (Seven Invisible Men).

Formé à l’image au VGIK, la fameuse école de cinéma de Moscou, Bartas pratique la photographie depuis au moins aussi longtemps que le cinéma. Il est également son propre chef opérateur. Son sens du cadre et de la lumière est frappant, se déployant à la fois dans une pureté documentaire et une puissance picturale héritée des grands maîtres. Le silence et la rareté des dialogues qui caractérisent presque tous ses films en renforcent la prégnance visuelle.

Réalisées en marge de la préparation de ses films sans y être assujetties, les photographies de Bartas déclinent la même attirance pour les paysages et leur matière, la grâce brute des traces d’humanité qu’ils recèlent, la mélancolie des ruines, la chaleur des visages. Tandis que sa filmographie se compose essentiellement de fictions – à la narration certes ténue –, ses photographies condensent toute la sensibilité documentaire qui est aussi à l’œuvre dans son cinéma. Quelques rares photographies trahissent le penchant romanesque de l’auteur, mais la plupart expriment le rapport presque chamanique de Bartas à la nature et aux êtres, un équilibre entre pragmatisme et poésie qui font sa singularité et son magnétisme.

L’exposition nous mène à Kaliningrad, exclave russe coincée entre la Pologne et la Lituanie, sur la mer Baltique, dont les ruines et les rivages abandonnés témoignent d’un effacement, celui des territoires de l’ex-URSS après la chute du bloc soviétique. Plus au Nord, ce sont les Tofalars, chasseurs-cueilleurs nomades de la vallée des Saïan en Sibérie, sédentarisés de force par les Russes et dont la langue et le mode d’existence sont menacés d’extinction. Les paysages de Crimée et de Lituanie, campagnes fragiles où les saisons se succèdent avec la rigueur propre aux contrées de l’Est, révèlent les signes modestes d’une vie rurale dispersée.

Une série réalisée en marge de la préparation de The House nous fait entrer, comme par effraction, dans un manoir déserté, à la lisière de Vilnius. Murs encore hantés par les esprits de ses habitants, décor à remonter le temps : Bartas a le pouvoir de nous raconter des histoires à partir d’éléments isolés, de la simple texture des choses, de leur vibration.

Bartas s’est également rendu dans le désert sud-marocain et dans le Haut-Atlas. Aux antipodes des steppes glacées de l’Europe de l’Est, on y retrouve pourtant la grâce d’une vie menée dans le dénuement, au contact des éléments et d’une nature sublimée.

Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition : Few of Them, Filigranes Éditions, Paris