13 avril 2019 – 12 mai 2019
Kyotographie (Ryosokuin/Temple Kenninji), Kyoto

Alfred Ehrhardt

The Forms of Nature

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Alfred Ehrhardt, Corail, Bangkok, c. 1940, © Alfred Ehrhardt Stiftung
Alfred Ehrhardt, Chione gnidia, Côte Ouest Amérique centrale, 1940/41 © bpk / Alfred Ehrhardt Stiftung
Alfred Ehrhardt, Ondulations dans le sol, 1933–36 © bpk / Alfred Ehrhardt Stiftung
Alfred Ehrhardt, Murex tenuispina L., Moluques , Maluku Islands, 1940/41 © bpk / Alfred Ehrhardt Stiftung
Alfred Ehrhardt, Structures dans le sable, 1933–36, © bpk / Alfred Ehrhardt Stiftung
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À l’occasion du centenaire du Bauhaus, Kyotographie présente la première exposition au Japon d’Alfred Ehrhardt (1901-1984), artiste majeur de l’avant-garde allemande.

Compositeur, peintre, réalisateur de films et photographe, Ehrhardt étudie en 1928-29 au Bauhaus (alors à Dessau) où il assiste au cours préliminaire de Josef Albers. À l’issue de son séjour, il rejoint l’école des Beaux-Arts de Hambourg où il dirige un cours préliminaire d’Étude des Matériaux, le premier du genre à être prodigué hors du Bauhaus.

Au début des années 1930, Alfred Ehrhardt participe activement à la vie artistique de Hambourg. Mes ses conceptions modernistes et sa proximité avec le Bauhaus le conduisent à être démis de ses fonctions pédagogiques immédiatement après l’arrivée au pouvoir des National-Socialistes. En 1933, il s’exile à Cuxhaven, près de la mer du Nord, où il gagne sa vie comme organiste. C’est dans cette région caractérisée par ses grandes marées, là où l’Elbe se jette dans la mer des Wadden qu’il découvre sa nouvelle vocation de photographe. Les structures naturelles créées dans le sable par l’action de la mer et du vent le fascinent et lui inspirent sa remarquable série Das Watt (L’Estran) (1933-36), publié sous forme de livre en 1937 et considéré jusqu’aujourd’hui comme un classique du livre de photographie. C’est le début d’une exploration approfondie et méthodique des formes de la nature. Entre 1938 et 1941, il produit plusieurs séries sur les cristaux et les organismes marins tels les coquillages, les coraux, les escargots et les éponges de mer. Sa curiosité scientifique le conduit dans le même temps à explorer le champ de la microphotographie et à documenter l’extraordinaire diversité des cristaux de neige. Ces inventaires photographiques d’une grande beauté renvoient aux Naturphilosophen allemands et au travail des scientifiques qui ont théorisé la géométrie de la nature au 19e siècle et au début du 20e siècle, en particulier Ernst Haeckel. Ils révèlent également l’influence de Josef Albers, Vassily Kandinsky et Paul Klee. Plus tard, Ehrhardt réalisera une cinquantaine de films documentaires, dont Dance of the Shells (La Danse des coquillages) (1956), qui reçoivent de nombreuses récompenses.

En se plaçant à la croisée de l’abstraction, du minimalisme, de la sérialité et de l’exploration scientifique, en insufflant à ses travaux une rare qualité graphique, Ehrhardt fait en quelque sorte la synthèse de deux tendances majeures de la photographie de son temps : la Nouvelle Objectivité et la Nouvelle Vision. Les leçons du Bauhaus sont perceptibles dans les compositions précises de ses photographies et son attention aux qualités intrinsèques des matériaux, ainsi qu’aux textures des surfaces ; tandis que son expérience musicale se reflète dans son sens du rythme visuel, de la dynamique et du contrepoint. Son œuvre concrétise l’idée – centrale pour le Bauhaus et, avant cela, pour le Romantisme allemand – que la création artistique doit puiser dans l’étude de la nature, ses lois sous-jacentes, ses « forces atemporelles, élémentaires et primaires ». 

Scénographie : Endo Architect & Associates

Exposition organisée en coopération avec la Fondation Alfred Ehrhardt, Berlin

Autour de l’exposition :

14 avril 2019 : conférence de Kotaro Iizawa sur l’influence du Bauhaus sur la photographie japonaise, suivie d’une rencontre avec Christiane Stahl, directrice de la Fondation Alfred Ehrhardt, Berlin, et Sonia Voss